menu 1001 routes

L'INTERVIEW DU 16 MAI 2002
(retour)

SAVEUR QUADRA
LUTTES INTESTINES
A DEUX C'EST MIEUX
SEPARATION & PSYCHE
HARO SUR LE TEMPS
LES Z'UNS LES Z'AUTRES
LE MONDE EXISTE
TUER LE RÊVE
MATOS
I HAD A DREAM
L'ESPRIT VOLATIL




LES Z'UNS LES Z'AUTRES



Il y a certainement un décalage entre la représentation que tu te faisais de certains pays AVANT de partir et la réalité à laquelle tu as été confrontée. As-tu été parfois déçue ou au contraire agréablement surprise?
Dans l'ensemble, plutôt agréablement surprise. Par les gens, par le contact avec eux.
Par certains paysages, aussi : les déserts par exemple. Et surtout l'Himalaya. Même si j'imaginais que l'Himalaya c'était fabuleux, c'est encore PLUS FABULEUX QUE FABULEUX!
L'Inde, j'y étais déjà allée, ce n'était plus une surprise. Par contre je l'ai mieux vécue que les autres fois, je trouve que c'est un pays difficile. Mais nous ne sommes pas allées vraiment dans l'Inde des Hindous, nous sommes restées dans la montagne, c'est plus tranquille.

Les gens rencontrés dans tous ces pays, par rapport aux occidentaux, comment les trouves-tu?
Nous avons traversé des pays dans lesquels les conditions de vie et la situation politique sont terribles, des pays où la condition de la femme est monstrueuse. Eh bien j'ai trouvé les gens beaucoup plus calmes, plus tranquilles, plus posés que nous.
Ce que je vais dire est très banal, mais on a une vie folle. Ne sommes-nous pas en train de nous planter, quelque part? D'un point de vue que je qualifie de philosophique, nous ne sommes pas au même niveau de pensée que certains pays dits du tiers monde. Je ne sais pas qui est plus arriéré que l'autre.

Est-ce difficile de côtoyer la misère du monde? T'y es-tu habituée?
Oui, on s'habitue. A un moment donné, on doit s'en protéger. On ne s'habitue pas totalement, pas complètement, mais on s'y habitue, oui.

Les "miséreux" en veulent-ils aux occidentales que vous êtes de leur indigence?
Je n'en sais rien, ils ne le manifestent pas.

Ont-ils une rancœur envers les pays riches?
Il y a des rancœurs parce qu'il y a des problèmes politiques dans le monde et que nous représentons l'Occident. On sent le rapport argent contre argent. Il est évident que nous avons de l'argent, le décalage est énorme.
Nous sommes plus que riches avec notre vélo et notre possibilité de voyager trois ans, même si on a un tout petit budget. Souvent on nous demande : "Combien coûte le vélo, ou ceci, ou cela?"

Comment est généralement perçue la France dans les pays traversés?
Dans les pays arabes, le président de la république, J. Chirac, est très bien perçu, sans doute parce que sa politique est pro-arabe. La politique du Premier Ministre, L. Jospin, était davantage pro-israélienne.

Et les gens percevaient ça?
Les educated. En Syrie et en Jordanie, on a discuté pas mal avec des intellectuels, ils le disent clairement. Jospin s'était d'ailleurs fait lapider lorsqu'il y était allé (Cisjordanie, début 2000). La France est assez bien vue dans les pays arabes.
Après, dès qu'on passe l'Iran, la France commence à moins exister, elle est trop loin. Elle n'est plus le nombril du monde.
Puis ça revient quand on arrive au Laos et au Cambodge. La France est très représentée au Cambodge, elle y investit énormément.

Les français ne jouissent pas d'une très bonne image auprès des occidentaux - européens, australiens, néo-zélandais - que nous avons rencontrés : ils nous trouvent râleurs.
C'est vrai : maintenant je vois les français à l'étranger, je ne les avais jamais observés en voyage. C'est une horreur! ils sont râleurs, jamais contents, ils sont le nombril du monde, ils ne parlent pas l'anglais. C'est une catastrophe!

Tu parles aussi pour toi?
Ah oui, je suis complètement la caricature du français! (rire) Je râle, je ne parle pas l'anglais mais... je ne me sens plus le nombril du monde.

Rencontrez-vous beaucoup de routards sur votre route, des gens qui font le tour du monde?
Oui, il y en a pas mal, des gens qui voyagent très longtemps.

Et des familles voyageuses, avec enfants?
Quelques-unes. Ils voyagent en véhicule, on n'en a pas croisés à vélo. Ils ont des 4X4, des grosses voitures, des camping-car. On a rencontré des allemands à Islamabad, qui faisaient le tour du monde. Ils avaient acheté un véhicule militaire, un truc moche. Ils avaient deux gamins.

Comment expliques-tu la fascination qu'exerce l'Asie sur nombre d'occidentaux?
L'Asie, c'est les découvertes. Davantage l'Asie que les autres continents. Ça me semble être le début de l'exploration. Les premiers grands explorateurs sont partis vers l'est. Alexandre le Grand, Marco Polo sont partis en Asie.
Et il y a le Moyen Orient, le berceau de notre civilisation. J'ai l'impression d'avoir déjà vécu là-bas. Au Moyen Orient, je pense à la réincarnation, C'est une des questions que je me pose.

C'est une perspective qui te séduit?
Bien sûr, depuis longtemps en fait. Je sens des choses… j'ai l'impression d'avoir déjà vécu.

En quoi voudrais-tu te réincarner?
Je ne sais pas, je n'ai pas de préférence... en tortue peut-être... Par contre je sais en quoi je ne veux pas me réincarner : dans un habitant du Bangladesh.
Haro sur le tempshaut de pageLe monde existe

Textes, photos & dessins © 1001routes.com