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L'INTERVIEW DU 16 MAI 2002
(retour)










SAVEUR QUADRA

Ton séjour en France va durer combien de temps?
Un mois. Je reste une semaine en Moselle et après je vais voyager un petit peu en France.

Zabeth est-elle rentrée aussi?
Non, elle est restée en Thaïlande. Elle doit bouger parce qu'un mois ça fait long pour attendre quelqu'un. On se retrouve fin juin, puis je vais rouler pendant trois semaines toute seule dans le sud de la Thaïlande.

Quelles émotions ressens-tu à l'occasion de ce retour provisoire?
C'est un peu tôt pour répondre… Je me protège des émotions. Comme je sais que je repars, je ne m'investis pas vraiment. Je vois énormément de monde, c'est très chaleureux, très amical. Je me laisse porter. Quand je suis arrivée à Paris, j'ai trouvé que c'était froid, gris, triste. La vie en Asie est dans la rue. Là bas c'est coloré, ici c'est assez mort, et pourtant c'était Paris.

Penses-tu que tu pourras repartir facilement?
Oui, je suis en vacances ici! Mais je n'ai pas encore vu ma famille. Après, le départ sera peut-être un peu plus émouvant.

Les voyages dits "initiatiques" ou "d'apprentissage" se font traditionnellement à vingt ans. (Elle rit) Pourquoi avoir attendu l'aube de la quarantaine?
Oui c'est vrai, il y a longtemps que j'aurais dû faire ça! Il y a longtemps que j'avais envie de le faire. Je n'avais pas les moyens financiers, pas suffisamment de maturité. Je suis entrée dans le monde du travail… et on met de côté, on repousse, jusqu'au jour où ça devient indispensable… à l'aube de la quarantaine, justement!

Penses-tu le savourer davantage maintenant que plus jeune?
Non. C'est un autre voyage. Je n'aurais pas fait le même à vingt ans. J'aurais pu le faire géographiquement, mais il aurait été différent.

Quelle est la tonalité dominante, l'ambiance et la couleur en quelque sorte qui prévalent durant ce périple?
Hmm c'est très varié. C'est de plus en plus insouciant, de plus en plus léger, aérien. Nous sommes détachées de tout ce qui est matériel depuis déjà un certain temps.
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LUTTES INTESTINES

Tu as dû améliorer ton anglais?
Non.(rire) D'autres langues? Non.(rire)

Quel pays as-tu trouvé le plus étrange jusqu'à présent?
Le Pakistan. C'est un pays qui m'a étonnée, étonnée.

Par quels côtés?
Par les habitants. Par exemple les Balouches - les hommes parce qu'on ne voit pas les femmes - ont vraiment des GUEULES. Ils ont souvent les cheveux teints en roux. Ils sont très grands, avec des petits bonnets sur la tête, des grandes chemises, des pantalons larges. Ils se trimballent main dans la main, comme des amoureux. C'est un signe d'amitié.
Comme les femmes ne sont pas du tout présentes dans la vie extérieure, ils ont une vie sociale entre hommes. Tu les vois : il y a de la musique, il dansent entre eux, ils font tout, tout, tout entre eux. Je ne sais pas ce qu'ils font à la maison.

Quel pays t'as le plus inquiétée ou mise mal à l'aise?
L'Iran. Sans aucun doute, l'Iran. Ça a été un problème, le fait qu'on soit deux femmes seules. Il disaient :
"Où est votre leader?
- No leader!"
Par contre pour un couple homme/femme, il n'y a pas de problème! Mais attention, je ne dis pas : l'Iran est comme ça, c'est MON expérience qui est comme ça.

Qu'est-ce qui est le plus usant au quotidien? Ressentez-vous une pression, où manger, où dormir?
Au début, les premiers mois, quand on a démarré, oui. Aujourd'hui, la question ne se pose plus. Ce n'est plus une inquiétude parce qu'on a TOUJOURS trouvé une solution. Toujours. Ça peut être fatiguant, mais pas usant, ce n'est pas la même chose.

As-tu craint parfois pour votre sécurité?
Oui, deux trois fois. C'est tout, sur 2 ans de voyage. On s'est senties en insécurité quelquefois en Libye. On était isolées dans le désert et on ne savait pas où dormir. On était encore dans les peurs du début. On a rencontré des bonhommes pas très sympathiques et on a dû se défendre. On a eu de la chance, il ne nous est rien arrivé de grave (rire). Donc deux trois fois en Libye.

Et puis on a eu très peur en Iran à cause d'un accident. Ça a été un grand choc. Deux véhicules nous ont doublé en même temps : l'un normalement à gauche, et l'autre à droite. On a eu la chance de ne pas être arrêtées sur le bas-côté à ce moment-là. Cette voiture qui nous a doublé sur la droite, sur le bas- côté dans le sable, quand elle a voulu revenir sur l'asphalte, a fait un tête à queue et s'est encastrée sous le camion qui venait en face, juste à quelques mètres de nous. Voilà, on a eu peur.
Il y a eu des suites. On ne savait pas quoi faire, on est parties. La police est venue nous chercher, nous a emmenées au bureau, on a dû trouver un interprète. Ils nous ont un peu embêtées, quoi. Ça s'est bien terminé. Ils voulaient savoir notre responsabilité là-dedans.

Il y a aussi certaines zones
fondamentalistes en Jordanie et au Pakistan où on s'est pris quelques pierres sur la tête.

Ce périple est-il rendu plus difficile par votre condition de femmes?
Non, je réponds non.

Atouts?
Dans les pays musulmans, on peut être des deux côtés, dans le milieu des hommes comme dans celui des femmes. Ça nous a beaucoup aidé aux frontières des pays arabes, un peu moins chez les asiatiques. Ça aide parfois à résoudre des problèmes, d'être une femme.

Handicaps?
On ne l'a pas vraiment ressenti, sauf en Iran.

Toi et Zabeth êtes-vous, par endroits, devenues des vedettes locales ou des bêtes curieuses?

Ah oui, très souvent! Tous les pays jusqu'en Asie du sud-est. Encore un peu au Népal. Après, ils sont moins curieux.
Au Pakistan, il pouvait y avoir des attroupements de 50/60 hommes autour de nous - puisqu'il n'y a pas de femmes. C'était très silencieux. Ils étaient très étonnés, surtout au Balouchistan où ils ne voient pas passer beaucoup de cyclistes, des femmes cyclistes encore moins!
Par contre au Proche-Orient et dans les pays arabes, c'est hyper chaleureux et ça se termine toujours par une invitation.

...que vous acceptez?
Pratiquement toujours, pour manger et dormir.
Pour les invitations à dormir, on s'assure toujours qu'on est dans une famille. On a appris des trucs : il y a des regards qu'il ne faut pas croiser. Tu t'aguerris au fur et à mesure.
Au début, Zabeth en Tunisie : "Youhou, youhou!" Ça n'a pas duré longtemps! Si tu fais ce faux-pas, tu as tout de suite des problèmes.

T'as-t-on fait des propositions de mariage, ou autre?
Oui, des déclarations, dans presque tous les pays arabes, jusqu'à la Turquie. On s'était surnommées "l'armée du salut" (rire).
En Jordanie notamment, on campait près de la Mer Morte, et il y avait un check-point militaire. Les gars étaient sympas, assez respectueux. On mange ensemble et puis ils veulent danser. "On n'a jamais dansé! Jamais! Comprenez-nous!" Ils exagèrent toujours un peu.
Leur rapport aux femmes est une chose terrible, terrible. Ils sont hyper frustrés. Avant le mariage, ils n'ont rien, pas de vie sexuelle.
J'accepte de danser la valse. C'était assez drôle! Après évidemment surviennent les déclarations. Ça se termine toujours en eau de boudin parce que là, ils se font insistants.

Après cette expérience, on a convenu de dire qu'on était mariées. Et tout a changé! Il y a un respect des femmes mariées, on aurait dû le faire depuis le début. Evidemment ça paraissait bizarre :
" ll est où le mari?
- Il travaille, il gagne de l'argent."
Tout est basé sur la famille. Les couples qu'on rencontrait qui n'avaient pas d'enfants disaient qu'ils avaient des enfants. Il est inconcevable de ne pas avoir d'enfants. Dès que tu dis que tu n'as pas d'enfants, ils sont très gênés, c'est un malheur, ils sont tristes. On n'en parle plus parce qu'ils pensent qu'il y a une malédiction sur ta tête.

Le relatif dénuement dans lequel vous vivez te pèse-t-il parfois?
Euhhh… j'ai besoin de moins en moins de choses. Mais oui ça arrive… j'ai envie parfois d'un endroit propre, de rentrer dans un drap propre… d'avoir un peignoir blanc! Le luxe c'est l'hygiène!

Que mangez-vous le plus souvent?
Du riz.

Buvez-vous la même eau que les autochtones?
Non. On l'a fait et on a été très malades.

...la turista?
Oui. Zabeth particulièrement. On avait bu l'eau d'une source qui était sans doute contaminée par des animaux.
Maintenant on boit de l'eau filtrée, qui se vend, que les gens boivent aussi. On ne boit plus d'eau minérale. Et l'eau du robinet, très peu, juste pour se brosser les dents. Ou alors on met des pilules.

Tu l'as eue souvent, la turista?
Non! Une grosse fois au Pakistan, j'ai été vraiment malade. Mais, pour entrer dans ce genre de détail, on a pris l'habitude... on est toujours un peu gênées, pas nettes... Je suis toujours un tout petit peu malade.
Mais je pense qu'on est bien immunisées parce que maintenant on mange de tout, on ne fait plus attention à la nourriture. Le corps s'habitue et a pris des défenses.

As-tu perdu du poids?
Oui, un peu.
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A DEUX C'EST MIEUX

Cela te rassure-t-il de savoir que le périple accompli en 2 ans peut, en cas de force majeure, s'accomplir en quelques heures d'avion?
Non, ça m'affole! Ce que j'apprécie dans le voyage, c'est la lenteur, le fait de passer des frontières tout doucement. Avant d’arriver dans un pays tu vois des indices. Les paysages changent, les gens sont différents... mais ça se fait tout doucement. Tu n’éprouves pas vraiment de choc.
Quand tu prends l'avion, tu atterris au bout du monde, tu descends et tu éprouves un gros choc.

Serais-tu partie sans assistance?
Non, bien que je me sois posé la question parce que j'arrive à un âge où je vais payer beaucoup plus cher!
Je ne l'ai jamais utilisée pour les soins parce que les démarches me faisaient suer. Je suis allée une fois à l'hôpital au Népal où on m'a très bien soignée - une bronchite, j'avais besoin d'antibiotiques.
Ce qui me fait peur, c'est l'accident, une grosse plaie, les jambes écrasées... Pour quelque chose de très grave, j'aurais envie d'être rapatriée.

Le fait d'être deux est-il parfois un handicap?
C'est marrant que tu poses ta question comme ça.

Tu l'aurais vue comment?
Est-ce un avantage? (rire)... Je trouve que c'est un ENORME avantage. Mais parfois on a envie d'être seule.
Avec Zabeth, on se connaît vraiment très bien, on avait déjà fait plein de choses ensemble. On savait qu'il y aurait des conflits, c'est inévitable.
Mais il y a des pays où ce n'est pas évident d'être seule, de dormir chacune sous sa tente.
Dans les pays musulmans, ce n'est pas facile, on n'avait pas envie d'être seules. Donc on ne s'est pas séparées chacune sous sa tente. Donc on a eu pas mal de conflits. Par contre j’ai appris à les gérer, j’ai appris beaucoup sur moi, sur elle. Mais c'est bien de se séparer de temps en temps.

Donc il y a eu des engueulades. Y a-t-il eu entre Zabeth et toi des moments de "quasi-rupture"?
Oui.

Vous avez envisagé de vous séparer?
Oui oui, c'était à ce point-là! On a eu de fortes baisses de moral!

Aurais-tu pu accomplir un tel périple seule?
(hésitation) Je pense que j'aurais pu partir seule deux ans. Ou trois ans. Mais je n'aurais pas débuté un voyage en traversant la Libye seule. Alors que maintenant, je pense que je pourrais le faire.

En fait ma question était : aurais-tu osé faire un tour du monde seule?
Oui. Etre à deux n'est pas vital, même si c'est hyper important. Avoir choisi cet itinéraire-là, c'est avoir fait à deux quelque chose que, peut-être, je n'aurais pas pu accomplir seule. Etre à deux, c'est un plus.

Dormez-vous le plus souvent sous la tente ou vous offre-t-on l'hospitalité?
Ça dépend des lieux. En Asie du sud-est, il n'y a pratiquement que des guest-houses, c'est bon marché.
Au Moyen Orient, dans les pays où il y a des déserts, c'était la tente, et aussi les hébergements des gens qui nous invitaient. Dans les pays arabes, les gens nous invitaient très souvent. C'est une tradition, un des préceptes du Coran. C'est important pour eux. Ils ne se disent pas : "Je t’invite parce qu'il faut le faire", c'est vraiment : "Je t'accueille, je te donne tout."

En Syrie c'était assez drôle : une famille nous invite. Ils ont une grande chambre de mariage très kitsch avec des roses, ils nous donnent leur chambre. Il était inconcevable qu’on ne dorme pas dans leur chambre! Tu les vexes si tu refuses.
On a été gavées de nourriture, on est passées de voisin en voisin. Tout ce qu'ils veulent, c'est que tu sois là et que tu leur parles. Il n'y a aucune mauvaise intention derrière.
Par contre, Il y a d'autres pays où tu es accueillie avec l'impression que ce n'est pas de la spontanéité, pas de la simple générosité.

En moyenne, à combien se montent vos dépenses quotidiennes?
On tourne autour de 60 francs par jour, par personne.
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SEPARATION & PSYCHE

Comment ressens-tu la séparation d'avec ta famille et des gens qui te sont proches?

Ça s'estompe un peu avec le temps. Les six premiers mois, j'ai fait énormément de rêves. Toute mon enfance est remontée à la surface. J'avais l'impression d’une rupture, comme si je faisais le deuil de mon enfance et que je coupais le cordon d’avec mes parents.

Pourtant tu avais déjà voyagé.
Oui, mais la notion du temps est différente. J'ai l'impression d'avoir vraiment coupé quelque chose. Ça ne signifie pas que je ne revienne pas sereinement chez mes parents… mais je n'y reviens plus de la même façon. Je pense que je suis devenue adulte. Il n'empêche pas que mes parents me manquent.

Tes parents ont-ils adhéré immédiatement à ton projet de tour du monde?
Non, même s’ils s'en doutaient depuis longtemps. Mon père, particulièrement, n'a pas adhéré. Ma mère, beaucoup plus. Ils nous ont énormément aidé. Par exemple, la moitié des adhérents du Cyclocanard a été trouvée par ma mère.

Qu'en pensent-ils aujourd'hui?
J'ai très peu de contacts avec peu puisqu'ils n'ont pas Internet. Je téléphone de temps en temps mais c'est bref. Mon père m'écrit aussi parfois mais il me parle d'eux. On a très peu d'échanges sur le voyage. Ça va se faire maintenant.

Sont-ils fiers de toi?
Oui, je le sais par mes soeurs.
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HARO SUR LE TEMPS

Tu as réalisé pas mal de dessins depuis votre départ. Cela te prend-il beaucoup de temps?
Non... sauf les cartes. Elles me prennent du temps. J'ai besoin d'une table, c'est difficile à trouver... Je dessine plutôt le soir...

... ce qui me dérange dans ta question, c'est la notion du temps. MA notion du temps a changé. Peut-être qu'au début j'aurais dit : "Ça me prend beaucoup de temps", mais maintenant j'ai l'impression que ça me prend moins de temps... alors que ça doit être le même temps! Donc le temps a changé de durée.

Le fait d'écrire des articles pour Cyclocanard et 1001 routes est-il une contrainte pesante?
Parfois, oui. C'est un travail considérable. On devrait le faire au fur et à mesure, ce qui n'est pas le cas.
Quand on se dit : "Ouah, il est temps de faire le Cyclocanard!", on s'arrête... Il faut qu'on trouve un endroit - comme je le disais tout à l'heure, c'est difficile de trouver une table. Il faut que l'endroit où on va se poser soit un endroit où on se plaise, où on puisse rester huit/dix jours.
Par exemple pour le n°5 on s'est arrêtées à Pnom Penhn une dizaine de jours parce qu'on n'avait rien écrit avant. Donc le temps de pondre les articles, de les relire, de les laisser un peu mûrir, de se les repasser...
On se rend compte aussi qu’on a de moins en moins de choses à dire. Je ne sais pas si c'est perceptible. On est de moins en moins étonnées, on a peur de se répéter. C’est comme si nous avions déjà traité les sujets principaux - il y a quand même beaucoup de points communs entre les pays. Et les pays asiatiques sont peut-être moins étonnants que d'autres pays...

Internet, téléphone, courrier : quel est le média le plus pratique?
Internet. C'est une révolution pour les gens qui voyagent! A la fois tu te dis : "Je vais voyager" et : "Je ne serai plus jamais coupée du monde." Mais tu as le choix. Il y a des moments où je n'ai pas envie d'aller consulter mes mails, ni d'avoir le contact. Mais quand tu en as envie c'est facile, il y a des centres Internet dans le monde entier.


Recevez-vous beaucoup d'encouragements de la part d'inconnus?
Oui. Ça doit passer par le site 1001 routes. Même de l'étranger.

Cela vous remonte-t-il le moral?
Ouais, c'est super. Les proches ne sont pas objectifs, mais les inconnus nous écrivent et ça c'est toujours vachement bien.
Mais même quand les proches écrivent, j'aime bien. Il y a des moments où on reçoit beaucoup de messages. Quand on a été un long moment sans consulter notre boîte à lettres, il y a 30/40 messages. Je ne les gère pas bien : il y a des gens à qui je ne réponds jamais : ça coupe certaines relations.

Je t’écris des messages souvent longs. Je me dis bon sang, toute cette littérature qui lui arrive du bout du monde et qui parle de choses qui sont à mille lieux de ses préoccupations, ça doit l’ennuyer, lui sembler bien décalé.
Ne crois pas ça. On reste parfois une semaine, dix jours à un endroit mais on a très peu de relations sociales, pratiquement aucune! Je n'avais pas pensé combien ça pourrait être gênant à ce point-là. A la longue, ça me manque énormément.
Le fait que tu racontes tout ça, un peu de ton quotidien - pour moi, c'est important. J'ai l'impression d'avoir un contact autre qu'avec Elisabeth.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, mon anglais n'est pas très bon. Avec les autres toubabs (les touristes), ou les gens qui voyagent, la conversation ne va pas loin. Sur deux ans on a rencontré très peu de personnes européennes avec qui ça a bien accroché. Je dirai 7 ou 8, c'est tout.

Vous vous situez en dehors du monde, d'une certaine façon.
Oui. Je pense qu'il faudrait rester très longtemps dans un pays pour s'en imprégner. On passe... ça a un côté frustrant. Nous avons une vision très superficielle des choses.
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LES Z'UNS LES Z'AUTRES

Il y a certainement un décalage entre la représentation que tu te faisais de certains pays AVANT de partir et la réalité à laquelle tu as été confrontée. As-tu été parfois déçue ou au contraire agréablement surprise?
Dans l'ensemble, plutôt agréablement surprise. Par les gens, par le contact avec eux.
Par certains paysages, aussi : les déserts par exemple. Et surtout l'Himalaya. Même si j'imaginais que l'Himalaya c'était fabuleux, c'est encore plus fabuleux que fabuleux!
L'Inde, j'y étais déjà allée, ce n'était plus une surprise. Par contre je l'ai mieux vécue que les autres fois, je trouve que c'est un pays difficile. Mais nous ne sommes pas allées vraiment dans l'Inde des Hindous, nous sommes restées dans la montagne, c'est plus tranquille.

Les gens rencontrés dans tous ces pays, par rapport aux occidentaux, comment les trouves-tu?
Nous avons traversé des pays dans lesquels les conditions de vie et la situation politique sont terribles, des pays où la condition de la femme est monstrueuse. Eh bien j'ai trouvé les gens beaucoup plus calmes, plus tranquilles, plus posés que nous.
Ce que je vais dire est très banal, mais on a une vie folle. Ne sommes-nous pas en train de nous planter, quelque part? D'un point de vue que je qualifie de philosophique, nous ne sommes pas au même niveau de pensée que certains pays dits du tiers monde. Je ne sais pas qui est plus arriéré que l'autre.

Est-ce difficile de côtoyer la misère du monde? T'y es-tu habituée?
Oui, on s'habitue. A un moment donné, on doit s'en protéger. On ne s'habitue pas totalement, pas complètement, mais on s'y habitue, oui.

Les "miséreux" en veulent-ils aux occidentales que vous êtes de leur indigence?
Je n'en sais rien, ils ne le manifestent pas.

Ont-ils une rancœur envers les pays riches?
Il y a des rancœurs parce qu'il y a des problèmes politiques dans le monde et que nous représentons l'Occident. On sent le rapport argent contre argent. Il est évident que nous avons de l'argent, le décalage est énorme.
Nous sommes plus que riches avec notre vélo et notre possibilité de voyager trois ans, même si on a un tout petit budget. Souvent on nous demande : "Combien coûte le vélo, ou ceci, ou cela?"

Comment est généralement perçue la France dans les pays traversés?
Dans les pays arabes, le président de la république, J. Chirac, est très bien perçu, sans doute parce que sa politique est pro-arabe. La politique du Premier Ministre, L. Jospin, était davantage pro-israélienne.

Et les gens percevaient ça?
Les educated. En Syrie et en Jordanie, on a discuté pas mal avec des intellectuels, ils le disent clairement. Jospin s'était d'ailleurs fait lapider lorsqu'il y était allé (Cisjordanie, début 2000). La France est assez bien vue dans les pays arabes.
Après, dès qu'on passe l'Iran, la France commence à moins exister, elle est trop loin. Elle n'est plus le nombril du monde.
Puis ça revient quand on arrive au Laos et au Cambodge. La France est très représentée au Cambodge, elle y investit énormément.

Les français ne jouissent pas d'une très bonne image auprès des occidentaux - européens, australiens, néo-zélandais - que nous avons rencontrés : ils nous trouvent râleurs.
C'est vrai : maintenant je vois les français à l'étranger, je ne les avais jamais observés en voyage. C'est une horreur! ils sont râleurs, jamais contents, ils sont le nombril du monde, ils ne parlent pas l'anglais. C'est une catastrophe!

Tu parles aussi pour toi?
Ah oui, je suis complètement la caricature du français! (rire) Je râle, je ne parle pas l'anglais mais... je ne me sens plus le nombril du monde.

Rencontrez-vous beaucoup de routards sur votre route, des gens qui font le tour du monde?
Oui, il y en a pas mal, des gens qui voyagent très longtemps.

Et des familles voyageuses, avec enfants?
Quelques-unes. Ils voyagent en véhicule, on n'en a pas croisés à vélo. Ils ont des 4X4, des grosses voitures, des camping-car. On a rencontré des allemands à Islamabad, qui faisaient le tour du monde. Ils avaient acheté un véhicule militaire, un truc moche. Ils avaient deux gamins.

Comment expliques-tu la fascination qu'exerce l'Asie sur nombre d'occidentaux?
L'Asie, c'est les découvertes. Davantage l'Asie que les autres continents. Ça me semble être le début de l'exploration. Les premiers grands explorateurs sont partis vers l'est. Alexandre le Grand, Marco Polo sont partis en Asie.
Et il y a le Moyen Orient, le berceau de notre civilisation. J'ai l'impression d'avoir déjà vécu là-bas. Au Moyen Orient, je pense à la réincarnation, C'est une des questions que je me pose.

C'est une perspective qui te séduit?
Bien sûr, depuis longtemps en fait. Je sens des choses… j'ai l'impression d'avoir déjà vécu.

En quoi voudrais-tu te réincarner?
Je ne sais pas, je n'ai pas de préférence... en tortue peut-être... Par contre je sais en quoi je ne veux pas me réincarner : dans un habitant du Bangladesh.
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LE MONDE EXISTE

As-tu déjà tiré quelques leçons de ton périple?
C'est beaucoup trop tôt, je n'ai pas encore de certitudes. Mais il y a des pensées en gestation.

Quel est le changement le plus significatif dans ta perception du monde?
La perception géographique. Elle est très importante dans mon imaginaire. C'est comme si cette partie du monde que j'ai parcourue depuis 2 ans était à présent tracée, ELLE EXISTE, elle est devenue concrète. J'ai quitté le domaine du rêve, mes pensées sont maintenant très précises.

Qu'emprunteras-tu de la manière de penser des orientaux?
Le calme. Sans doute parce que je me sens perméable, mon corps a absorbé. Je me sens beaucoup plus calme. Oui, plus calme. Intérieurement plus calme. Ça me fait du bien.

As-tu l'impression de te trouver à des années-lumière de ta vie antérieure?
Non, il y a une sacrée rupture, mais pas des années lumière. Tu sais, je trimballe tout mon quotidien passé.
Quand j'arrive au Balouchistan, par exemple, ce que je découvre de nouveau vient prendre sa place : je classe, ça rentre dans des cases, ça s'intègre. Il n'y a pas trop de décalage parce que j'y arrive lentement.

Tu étais en Inde le 11 septembre 2002. Comment as-tu vécu les attentats aux USA?
J'étais seule, juste à la frontière du Pakistan. On venait de redescendre du Cachemire.
Je l'ai appris par hasard : je mangeais dans un petit restau et le patron me montre la télé. Je vois des tours, il me parle d'un avion, je ne comprends pas bien. J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un accident d'avion. Mais la télé distillait sans arrêt ces images, je me suis rapprochée et là j'ai compris ce qui se passait.
Ça ne m'a pas bouleversée de la façon dont vous l'entendez ici (en France).
Vous avez perçu les images différemment. Je pense aussi que ce n'étaient peut-être pas les mêmes images.
J'ai tout de suite commencé à me renseigner, j'ai reçu des réactions par mail.
J'ai aussi observé la réaction des Indiens, qui ont un gros problème depuis ces attentats, et qui ont toujours des problèmes avec le Pakistan à propos du Cachemire. Le problème à régler entre musulmans et Hindous est énorme.

Ces attentats ont-ils modifié vos relations avec les populations au cours des semaines qui ont suivi?
Non, pas en Inde. Il aurait été intéressant d'être encore au Pakistan, pour voir. On a rencontré au Népal une Suissesse qui voyageait après le 11 septembre dans le nord du Pakistan. Elle m'a dit qu'elle avait eu connaissance des attentats le 18 septembre seulement et qu'elle n'avait absolument rien ressenti de particulier dans le pays.
Alors, tu sais les images qu'on a montrées à la télé... c'est vrai qu'il y a eu des manifestations de gens apparemment féroces à Islamabad et à Karachi...

C'est ce qu'on a vu ici, oui...
C'est ce qu'on t'a montré en tout cas : la télé est bien orientée. C'est vrai qu'il y a des attentats, des terroristes, mais ce n'est pas que ça non plus.
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TUER LE RÊVE

Mentalement, te sens-tu plus forte qu'au moment du départ, ou ressens-tu une certaine usure?
Je me sens plus forte. Mais une lassitude s'est installée ces derniers mois. D'un point de vue vélo, c'était plus monotone. Il faisait très chaud, la route était moins belle.

Vous faisiez de longues étapes?
Au Laos on faisait plus de 100 kilomètres. Maintenant, quand on regarde l'heure, on se dit : "Ohhh, il ne reste plus que 35 kilomètres. Allez on y va!" Attention, je parle du plat, la montagne c'est différent. Quand on répète ça souvent, ça devient emmerdant. Au Laos particulièrement, parce qu'il n'y avait rien à voir, rien à faire.
Et puis on est coincées maintenant - ce qui n'était pas le cas avant - par la durée limitée des visas. On est obligées de sortir avant telle date, on ne peut pas trop s'arrêter. Ou alors on fait le choix de s'arrêter, mais après il faut prendre un bus.
Nous, on n'a pas envie de prendre le bus. Si on le fait, c'est qu'on ne peut vraiment pas faire autrement.

Quel as été le moment le plus fort depuis deux ans, celui qui restera gravé dans ta mémoire, que tu n'oublieras jamais?
C'est difficile... C'est quand même l'arrivée au-dessus du Kalapathar, ouais l'Everest, au Népal. Cette marche, ça a été quelque chose!
L'arrivée au Pakistan, aussi, parce que j'étais heureuse de sortir d'Iran (rire) et que le Pakistan est un pays très joyeux. Il y a un tel contraste entre l'Iran et le Pakistan! Pour moi, l'Iran est vraiment un pays à part.

Quelle image as-tu de ta vie sociale passée, celle d'avant ton départ?
Depuis ces derniers jours, où j'ai retrouvé la France, ce qui m'a frappée, c'est que les gens sont cloisonnés, enfermés dans leur petite boîte avec leurs problèmes, et qu'ils tournent autour. C'est en tous cas l'impression que j'ai.
Mais c'est pareil pour moi, même à l'étranger : je suis toujours enfermée dans mes problèmes!
Les gens des pays que je traverse ont des problèmes mais ils s'en accommodent, ils accordent moins d'importance aux choses que nous.
Nous sommes très cartésiens, on veut savoir, on veut comprendre… j'ai l'impression qu'eux s'en foutent. Ça me fait du bien de voir ça.

Je vais te raconter une anecdote qu'on nous a rapportée. Elle concerne un type qui est allé en Chine. Il voulait acheter un ticket de train pour une date donnée. Donc il se pointe la veille pour acheter son billet de train. Il communique en anglais. La personne lui répond :
"C'est pas possible." Il demande pourquoi. Réponse :
"C'est pas possible.
- Parce qu'il n'y a pas de train?
- Non non, c'est pas possible.
- Vous n'acceptez pas les étrangers?
- Si, mais c'est pas possible."
Bref, il cherche toutes les raisons possibles. Finalement il capitule... et se rend compte quelques heures plus tard qu'il avait demandé un billet de train pour la veille, il s'était trompé de date! Donc le Chinois - c'est une attitude fréquente en Asie - ne lui dit pas qu'il se trompe de date, il répond que ce n'est pas possible. Eux s'en accommodent.

Autre anecdote, au Laos. On voulait prolonger notre visa. On va dans les bureaux, on fait les démarches, on attend, on va chercher les papiers, on se bat pour les obtenir, ça dure une demi-journée. Jusqu'à ce qu'on arrive au dernier bureau où les mecs nous disent aussi :
"C'est pas possible."
Ils ne nous l'auraient jamais dit avant, ça leur passe largement au-dessus de la tête. Ça oui, ça nous rend folles! Moins maintenant qu'avant mais quand même, encore.
C'est d'une absurdité! Tu te rends compte qu'on n'a pas du tout le même mode de pensée, ni le même imaginaire.

Tu me demandais si en moi des choses avaient changé : je pense que je me battrais beaucoup moins qu'avant, beaucoup moins pour tout ce qui est matériel… et même pour des causes, je ne sais plus… je me pose la question.

Est-ce que réaliser son rêve, ça ne tue pas le rêve?
Nonnn, non non. Par contre, je réalise UN rêve, ce n'est pas la même chose. J'en ai déjà plein d'autres.
Mais il fallait que je le fasse sinon je l'aurais traîné toute ma vie. Je vais être soulagée, j'aurai l'esprit libre pour passer à autre chose.
Je pense que c'est important d'aller jusqu'au bout de son rêve, de faire le pas pour le réaliser. Je crois que tout le monde peut et doit faire ce qu'il a envie de faire.

Pas spécialement un tour du monde?
Non, si ton rêve c'est d'aller pêcher tous les dimanches et que tu ne le fais pas, c'est frustrant.

As-tu le sentiment que vous faites rêver des gens?
Oui, je crois... parce qu'on nous le dit. Je sais que moi, ça m'aurait fait rêver... ça m'a fait rêver d'ailleurs!
Mais il n'y a pas la volonté de faire ça. On peut apporter quelque chose aux gens. Du rêve tout simplement, un truc un peu virtuel.

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MATOS

Quel est ton objet fétiche, celui dont tu ne voudrais pas te séparer durant ce voyage? (excepté ton vélo)
Ben j'en ai pas.

Même pas un doudou?
(rire un peu gêné) J'ai un petit mouton qui s'appelle John.

Qu'est-ce qui t'as le plus manqué, ces deux dernières années?
LE VIN... ET LE FROMAGE!
(rire) On se fait des délires de nourriture! On se récite des recettes, on se rend compte que pour nous, françaises, la nourriture a de l'importance. D'autres choses manquent, mais ça revient souvent, la nourriture.

Au niveau du matériel, avez-vous eu des mauvaises surprises? Manquait-il quelque chose?
On a fait des erreurs. Partir avec une charrette a été une erreur. On a fait aussi une erreur de choix de jante arrière. On a changé pour des jantes beaucoup plus costauds et depuis il n'y a plus de problème. A part ça, non, on avait bien pensé la chose.

Comment se comportent vos vélos? Des avaries?
Très peu. On a des bandes anti-crevaison, c'est génial. Et des bombes.
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I HAD A DREAM

Le voyage devait s'achever en juin 2002. Qu'en est-il?
On a envie de continuer, on y a pris goût. On prolonge jusqu'en juin/juillet 2003.

Vous avez peur de rentrer?
Je suis une instinctive, je me fie à mes instincts. J'avais envie de continuer... et aussi la panique de rentrer! Il fallait prendre une décision : financièrement, c'était bon.
Quand la question s'est posée, nous étions au Népal et je m'y sentais tellement bien!... Si la décision avait dû se prendre dans d'autres pays, peut-être aurait-elle été différente.
La réintégration dans l'Education nationale? Non, ce n'était pas possible, en tout cas pas à ce moment-là.

Quel est le programme?
Le programme initial prévoyait d'aller au cœur de l'Australie.
De ce programme-là, nous gardons l'idée d'aller jusqu'en Indonésie. De là, soit nous allons en Australie pour un très long moment, avant de nous rendre en Turquie par avion et de traverser l'Europe de l'Est pour rentrer à vélo en France. Ça me semble important, de revenir à vélo.

Si nous ne passons pas en Australie, nous irons en Chine. Nous nous immergerons longtemps dans ce grand pays. Puis nous passerons en Mongolie pour y prendre le Transsibérien afin rejoindre l'Europe de l'Est et de là rentrer en France.

Comment va se prendre la décision?
Je n'en sais rien encore.
L'Australie est un pays facile parce qu'occidental, mais ce sera dur à vélo parce qu'il y a beaucoup de désert, énormément de désert, que du désert! Par contre les paysages doivent être sublimes.

La Chine par contre, c'est beaucoup plus difficile, loin de nous, de notre compréhension. C'est s'immerger dans un monde complètement nouveau. Tous les gens que j'ai rencontrés qui sont allés en Chine m'ont conseillé de bien préparer ce voyage.
Et moi, j'ai un rêve pour la Mongolie, si on a le temps au niveau visa. C'est de traverser une partie du désert de Gobi. Un type l'a fait il n'y a pas longtemps, je l'ai vu sur Internet. On peut le faire à vélo, à pied, à chameau... et puis après, le Transsibérien. Ça peut être sympa!

La décision se prendra quand?
Octobre/novembre, pour des problèmes de passeport. Et puis, si on veut préparer un voyage en Chine, il faut qu'on s'y prenne plus d'un mois à l'avance.

Pourra-t-on encore vous suivre dans le Cyclocanard?
Il reste deux numéros. Le dernier paraîtra sans doute début 2003. Il y a des chances que ça s'arrête là. C'est ce qui était prévu au départ.

Et sur 1001 routes?
Si tu es d'accord pour poursuivre 1001 routes, oui!

T'es-tu constitué un carnet d'adresses de personnes avec qui tu souhaites rester en contact dans le futur?
Oui, bien sûr. Il y a quelques personnes que j'aimerais revoir.

...qui pourraient venir en France?
Elles n'ont pas les moyens, il faudrait les aider. Ce serait assez génial, tu les imagines? Mais retourner les voir, oui.

As-tu des projets d'avenir liés à ce voyage?
J'ai des idées, mais pas envie d'en parler.

Es-tu d'ailleurs capable de te projeter dans l'avenir?
J'avoue que j'ai du mal à le faire.

Te vois-tu reprendre une vie dite "normale" à l'issue de ce voyage? Pourras-tu endosser à nouveau ton costume de prof de dessin?
A l'heure actuelle, je ne me vois pas le faire. Mais peut-être qu'il faudra que je le fasse...
En tous cas, je sais que je peux le faire. Je ne vais pas cracher dans la soupe, je peux revenir, j'aurai un travail. Ce travail peut m'aider à faire autre chose après.

Si tu as une opportunité à l'étranger, là tout de suite, tu sautes dessus?
Je ne sais pas. Ça dépend de ce qu'on me propose. Je ne prendrai pas une place pour rester à l'étranger. C'est que le boulot m'intéresserait vraiment.
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L'ESPRIT VOLATIL

Ce voyage est-il plus dur ou moins dur que tu ne l'imaginais?
Beaucoup moins que je l'imaginais.
Je me faisais un monde de plein de choses!... Pfffff, fastoche!
Je relativise énormément. Si tu en as l'envie, c'est vraiment à ta portée.

Te souviens-tu de ton état d'esprit au moment du départ?
Le jour du départ devait être comme les quelques mois qui ont précédé le départ : on était dans un état assez grave! J'étais très stressée, infernale avec mes proches. Déjà partie aussi un peu.
Par contre je ne referais pas maintenant toutes ces démarches que j'ai faites avant de partir. Avec du recul, je me dis que ça a été une année d'enfer, même si ça
m'a appris des choses.

Vous auriez pu faire ce voyage sans les sponsors?
Bien sûr.

Pourquoi l'avoir fait alors? Pour sacrifier à la mode?
Oui, peut-être, je ne sais pas…

Le mot de la fin, celui qui reflète ton état d'esprit depuis bientôt deux ans?
Je me sens déplacée par rapport à la France. Avant, je me sentais rattachée à mon pays comme si j'étais collée au sol.
Maintenant je me sens plus légère, plus aérienne, comme si je n'appartenais plus vraiment à un endroit.


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