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CHINE |
![]() EXTRAIT DE L'INTERVIEW REALISEE EN HONGRIE |
PARANOCHINE Pourquoi avez-vous quitté
la Chine précipitamment ? Zabette : … et à cause de la façon dont c'était traité par le gouvernement chinois. On n’avait pas confiance dans les actions du gouvernement. Ça rendait inquiet. Que saviez-vous du S.A.R.S. ? Z : On a trouvé une dame super gentille qui nous a aidées. E : A l’ambassade ils n’ont pas été rassurants. On était près de la frontière mongole, mais on n’avait pas de visa et la frontière était fermée. Vous
vouliez traverser le désert de Gobi ? Z : C’est trop froid. E : On n’avait pas le choix : on a donc décidé d’aller sur Pékin. En plus se greffait là-dessus un problème d’extension de notre visa, il ne nous restait plus que dix jours. Vous
auriez pu faire demi-tour et repartir vers le sud ? Z : Mais à l’ambassade de France ils disaient : «Ne faites pas demi-tour, venez à Pékin, vous prendrez un vol pour partir. Vous risquez d’être coincées dans le Yunnan parce qu’ils vont fermer ses frontières.» Presque tous les vols étaient annulés, c’était dingue ! E :
C’était parce que les avions étaient
vides. Moi je rigolais - je me moque toujours un peu des gens. Dans
la guest-house où on était, les types arrivaient :
«Ohhhh, nos vols ont été annulés !»
Moi : «Ahhh ? Faudra qu’on téléphone.»
Z : … et le vol a été annulé aussi. E : Finalement on s’est retrouvées à Istanbul. Restons
en Chine. Vous avez vu des types dans les rues qui aspergeaient les
gens pour tenter d’enrayer la maladie ? E : Un pulvérisateur. Z : Ils arrêtaient les camions, ils les aspergeaient tous. E : Au milieu du désert aussi. C’était délirant ! Sur une route balayée par le vent qui traverse le désert, des barrages de police arrêtaient tous les véhicules. Ils nous arrêtaient, on ne savait pas trop pourquoi. On ne pouvait pas repartir. Puis un chef arrivait qui nous donnait l’autorisation. Z : Tous les petits restaurants et boutiques de bord de route étaient fermés. Derrière une des boutiques, la fenêtre était ouverte, une fenêtre avec des barreaux. Une bonne femme avec un masque te passait les trucs comme ça. Tu attrapais peur ! A
cette époque, vous ne saviez pas si le S.A.R.S. était
réellement dangereux ? Z : Moi j’étais inquiète. E : L’ambassade nous a dit que les gens des campagnes commençaient à avoir peur. Les Chinois renvoyaient les gens des villes et installaient des hôpitaux à la campagne. Les autorités ont contribué à créer cette inquiétude. Z : Ils n’avaient pas assez de moyens, ils ont importé du matériel médical d’occident. E :
Certaines villes étaient en quarantaine.
En Inner Mongolie, on n’avait pas le droit d’entrer dans les
villes. Z : Un truc pas rassurant non plus, c’est que le chef de la police d’un district ignore totalement ce qui se passe dans le district d’à côté. E : Ils ne communiquent pas. PULVÉRISÉES Avez-vous
été aspergées ? Avec
quel type de produit ? Non,
j’ai pas fait gaffe. E : C’était à l’hôtel. On voit une femme, le soir, qui arrive. Elle devait avoir eu des consignes. Elle portait une gamelle. Z : Un hôtel pourri. Pourri. E : C’était de l’eau de javel. Elle en aspergeait tout ! Les chambres, les lits, les meubles, nous ! Les jours suivants, dans d’autres hôtels, ils avaient les pulvérisateurs. Z : La première fois qu’on a vu ça, c’est dans une gare. On dormait dans un hôtel situé en face. Je suis allée aux toilettes à la gare parce que ça ne marchait pas à l’hôtel. Là, il y avait les cosmonautes, ils aspergeaient tout. E : Ils pulvérisaient dans les trains, dans les bus, les camions, les voitures. Vous
avez «traitées» plusieurs fois ? Z : On nous a même pris la température. Le même thermomètre pour tout le monde ! E : La fièvre était un des critères de déclaration de la maladie. Tout le monde flippait. Z : Tu te disais : «Pourvu que je n’aie pas une angine !» : tu ne partais plus de Chine. Vous
êtes restées combien de temps en Chine ? Quel
souvenir en garderez-vous ? E : Le dernier mois, périlleux. Le S.A.R.S., les problèmes d’extension de visa, l’Administration chinoise délirante, les policiers incapables de dire la vérité… Quels
contacts avez-vous eus avec la population chinoise ? Z : Sympas, souriants… E : … rigolos. A la campagne, on a dormi chez des gens. En ville, on a été invitées à manger au restaurant, pas à dormir. Z : Par contre ils nous ont aidées à trouver des hôtels. E : Je les ai trouvés vraiment biens. Je pense que c’est différent dans les grandes villes de l’est. Z :
Tout de même, avec le problème du
S.A.R.S., on a vu des comportements étranges. Un jour, dans une
petite ville de banlieue, on cherchait un hôtel. Mais il fallait
que ce soit un hôtel autorisé par le gouvernement. E : Ils avaient peur. Z : Je me demande s’ils n’ont pas pensé que le S.A.R.S. était propagé par des étrangers… ce qui était un peu vrai. E : On a vu peu de touristes. On pouvait passer trois semaines sans voir personne, à part des Chinois. Ils ont un peu peur de l’étranger, nous représentons l’inconnu. Et aussi, parce qu’ils ont eu droit au bourrage de crâne. DU CHINOIS E : Ils ont du mal à admettre que tout le monde ne parle pas chinois. C’est le premier pays où on a dû apprendre à dire : Z : «Je ne parle pas chinois». E : Ils viennent et te parlent. Après ils écrivent… en chinois bien sûr. Z : Un truc sympa, c’est qu’on avait un petit livre de conversation. E : Ça nous a beaucoup aidées. E :
Ça date des années cinquante, ils ont traduit le chinois
en lettres latines, ça s’appelle le pinyin. Avec ça,
on pouvait essayer de parler. E : C’est une langue à plusieurs tons. Z : Sans parler des accents des régions : infernal ! E : Un même mot – ça dépend comment tu le prononces - peut avoir des significations complètement différentes. Z : Donc on montrait – ils savent tous lire - la phrase en chinois et ça percutait. E :
Mais à partir du moment où on leur
avait montré la phrase en chinois, ils étaient persuadés
qu’on comprenait leur écriture ! On avait l’impression d’être
des analphabètes totales. L'INTERVIEW COMPLETE ICI |